LA CÉRÉMONIE - la critique

La Cérémonie, écrit par Claude Chabrol & Caroline Eliacheff. Réalisé par Claude Chabrol. Avec Sandrine Bonnaire, Isabelle Huppert, Jacqueline Bisset, Jean-Pierre Cassel, Virginie Ledoyen, Valentin Merlet. France / Allemagne. 111 mn. Sortie le 30 août 1995.

Sophie, bonne analphabète et secrète mais dévouée, est engagée au service d'une famille bourgeoise de Saint-Malo. Son amitié avec la postière, curieuse et envieuse, va déclencher une série de drames.

LA CÉRÉMONIE - la critique

Petit précis d’écriture et de mise en scène, La Cérémonie de Claude Chabrol est un pur régal de spectateur, happé dès les premiers instants dans ce drame noir et social de très haute volée.

Avec une mécanique imparable qui inscrit dans chaque séquence, dans chaque dialogue le destin funeste qui se joue, le génial Chabrol, jamais aussi à l’aise que lorsqu’il s’agit de croquer les différences de classe, orchestre un suspense aussi suffocant qu’implacable. Inévitable même ?

C’est l’une des questions centrales du film..

LA CÉRÉMONIE - la critique

Inspiré d’un roman de Ruth Rendell, lui-même tiré d’un fait-divers survenu dans les années 30 (deux domestiques, les soeurs Papin, assassinent leur maîtresse et sa fille dans des conditions atroces), Claude Chabrol et sa co-scénariste Caroline Eliacheff livrent une étude de la lutte des classes dénuée de tout jugement arbitraire, voire même plus simplement de tout jugement. Ici, on suit, on voit, on accompagne et on est témoins. 

Mais de quoi ? 

Des marques de différence, du rapports dominant/dominé qui prend le délicat revêtement de l’humiliation ordinaire, peut-être tellement inconsciente qu’elle en devient encore plus malsaine, plus perverse.

LA CÉRÉMONIE - la critique

Pour rendre compte de la complexité et toute la force de ce jeu de castes trouble et anxiogène, Claude Chabrol s’entoure d’une troupe de comédiens et de comédiennes tout bonnement excellents : Jacqueline Bisset et Jean-Pierre Cassel sont parfaits en bourgeois engoncés dans leurs petits rituels de classe (l’opéra à la télé) ; Virginie Ledoyen en impose dans le rôle de leur fille, d’apparence plus ouverte et égalitaire alors qu’elle n’est qu’une démonstration du déterminisme social ; face à eux, Isabelle Huppert et Sandrine Bonnaire sont d’une justesse, d’une force folles, l’une dans l’extravagance d’une postière qui s’immisce dans cette vie bourgeoise en ouvrant les courriers, l’autre dans la froideur de la domestique, la peur chevillée au corps qu’on découvre son analphabétisme. Deux caractères contraires qui vont finir par entrer en (ré)action. 

Thriller brillant et drame social, La Cérémonie se fait le reflet aussi cinglant que cynique des apparences et des différences de classe avec un brio qui laisse bouche bée.

Brillant, je me répète.

LA CÉRÉMONIE - la critique

Crédits photos et résumé : MK2 Productions, AlloCiné.

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