ENOLA HOLMES - la critique

Enola Holmes, écrit par Jack Thorne d'après le roman "La double disparition" de Nancy Springer. Réalisé par Harry Bradbeer. Avec Millie Bobby Brown, Henry Cavill, Helena Bonham Carter, Sam Claflin. USA / 123 mn. Disponible sur Netflix depuis le 23 septembre 2020.

Enola, la jeune sœur de Sherlock Holmes, met ses talents de détective à l'épreuve pour tenter de retrouver sa mère disparue et déjouer une dangereuse conspiration.

Initialement attendue en salles, l'adaptation des romans jeunesse de Nancy Springer se retrouve finalement sur Netflix, crise sanitaire oblige et se paye le luxe d'un retour critique plutôt très enthousiaste. "Wonderful !", m'écriai-je alors que je sirotais ma tasse d'Earl Grey : l'opportunité de plonger dans l'Angleterre victorienne afin de vivre une aventure légère, entraînante, pleine de malice et d'énigmes en tous genres ne pouvait que me séduire.

"C'est toi le Superman avec une moustache ?"

"C'est toi le Superman avec une moustache ?"

123 minutes plus tard, alors que mes bottines Crockett & Jones battent encore le rythme de la musique signée Daniel Pemberton et que mon regard s'attarde sur ma boîte de Pim's désespérément vide, je lisse pensivement ma longue moustache : "Well, c'était quand même pas si génial que ça..."

Voilà, ça se laisse regarder, c'est traversé de quelques bonnes idées mais il y a de fortes chances que tout soit oublié dès la semaine prochaine. C'est pourquoi j'écris ce petit avis dès le lendemain, pour être sûr de me souvenir des trucs qui m'ont plu. "Smart guy !", vous dites-vous.

Dans ce qui me rend le film plutôt sympathique, on a donc une distribution qui fonctionne : Millie Bobby Brown, Henry Cavill ou encore Helena Bonham Carter sont bons, portent leur personnages avec conviction et offrent une jolie définition de ce qu'est l'alchimie. Ensuite, le message féministe n'est pas asséné à gros coups de sabot : la question du rôle des femmes au coeur de la société victorienne n'est pas qu'un artifice venant d'un producteur se souvenant qu'il fallait être woke pour être sûr de toucher tout le monde... et de ne pas se faire démolir par un hashtag, il est au coeur-même du récit et permet également l'affirmation, l'émancipation du personnage-titre. Pas de quoi crier au génie mais ça change des tracts insipides du style Birds of Prey ou Charlie's Angels (le reboot signé Elizabeth Banks). Pour finir, le score de Daniel Pemberton : encore une fois, le compositeur britannique livre une succession de thèmes marquants, enlevés et à l'identité émotionnelle indéniable. Mais on savait déjà, après les excellentes B.O. du Roi Arthur de Guy Ritchie, de Steve Jobs de Danny Boyle ou encore de Brooklyn Affairs d'Edward Norton, de quoi il était capable. Non?..

ENOLA HOLMES - la critique

Mais à côté de ça, Enola Holmes se tape une narration bancale qui ne sait jamais toujours quand se poser ou, au contraire, muscler un peu son récit. Avec son agencement de séquences bordéliques par endroit, ses ruptures de ton pas maîtrisées à 100%, le film d'Harry Bradbeer souffre d'un vrai travail d'écriture. Et ce ne sont pas les artifices tels qu'une voix off insupportable, les (beaucoup trop) nombreuses apartés face caméra de l'héroïne ou tous ces jeux d'arrêts sur image/cartons et autres afféteries, qui cacheront l'incapacité du réalisateur et de son scénariste à donner une vraie vie à leur récit.

En bref, pas désagréable mais affreusement oubliable, Enola Holmes est un divertissement "jetable" et facilement consommable comme Hollywood en produit à la pelle. Et pour celles et ceux qui auraient envie de voir un vrai et bon film d'aventures qui joue avec délectation de l'héritage de Conan Doyle : jetez vous sur le génial Le secret de la pyramide de Barry Levinson.

Avec une bonne tasse de Darjeeling et un Pim's, ça passe tout seul.

Crédits photos et résumé : Legendary Pictures, Warner Bros. Pictures, AlloCiné.

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